L’anthropomorphisme

Un mot parfait pour jouer au scrabble, mais encore ?

Quand pour la première fois au club canin l’on m’a dit « Tu fais de l’anthropomorphisme » je suis restée bouche bée. J’ai osé demander ce que voulait dire ce mot et j’ai bien fait.
Ainsi j’ai pu réaliser à quel point dans la relation Homme-chien voir Homme-animal en général faire de l’anthropomorphisme était dangereux.

L’anthropomorphisme est la tendance à attribuer aux animaux des traits, des comportements, et des capacités considérés comme propres à l’Humain. Voici quelques exemples simples d’anthropomorphisme liés au chien : Le maître assimile son chien à une personne humaine et lui attribue des sentiments comme la jalousie, « Mon chien est jaloux », la vengeance, « mon chien détruit pendant mon absence, il se venge parce que je le laisse seul», ou se comporte à son égard comme il le ferait avec un compagnon humain, comme le faire manger à table ou fêter son anniversaire.
Il peut aussi y avoir anthropomorphisme par méconnaissance comme ne pas vouloir castrer son chien parce qu’il perdra sa virilité ou stériliser sa chienne parce qu’elle déprimera si elle n’a pas eu au moins 1 portée, ou, pulvériser du parfum sur son chien pour masquer son odeur et l’accoutrer de vêtements et de gadgets inutiles.

Faire de l’anthropomorphisme avec son chien est parfois sans conséquence comme lorsque l’on surnomme son chien « bébé » ou qu’on lui dit « Viens chez maman ». Il peut même quelques fois s’agir de « Bon anthropomorphisme »comme l’a écrit Boris Cyrulnik célèbre psychiatre et éthologue français très engagé pour la protection de la nature et des animaux. Le « bon anthropomorphisme » peut se rencontrer en zoothérapie, une thérapie qui utilise l’animal auprès d’humains afin de contribuer à l’amélioration de la santé et de la qualité de vie des personnes de tous âges et de toute condition (Source : Zoothérapie Québec)

Un exemple simple qui illustre parfaitement ce qu’est le « bon anthropomorphisme » : Une personne âgée vivant en maison de retraite qui d’habitude n’adresse la parole à personne et rêvasse à longueur de journée caresse un chien en visite avec son maître. Elle lui parle, elle lui demande comment il va, comment il se prénomme, si il veut un gâteau, s’il n’a pas trop chaud….
Dans ce type de cas l’anthropomorphisme est bénéfique. Cette personne âgée s’ouvre à nouveau au monde, elle éprouve de la joie, elle se souvient de son passé, elle se sent utile.

Malheureusement et très souvent, faire de l’anthropomorphisme peut vraiment être néfaste pour le chien et sérieusement mettre en danger la relation maître-chien. En effet certains maîtres finissent par prêter à leur chien des comportements et des sensibilités qu’ils n’ont pas et oublient que le chien est avant tout un animal qui a des besoins physiologiques différent de nous et une façon de penser et de réfléchir autre que la nôtre. Dans des cas extrêmes cette attitude peut même être responsable de certains troubles comportementaux chez le chien.

  • Nourrir son chien avec une alimentation adaptée aux humains, lui donner une tartine le matin, un gâteau au goûter comme on le ferait pour un enfant risque fort de nuire à sa santé et le rendre obèse si l’activité physique ne suit pas.
  • Laver son chien une à deux fois dans la semaine, l’habiller et le parfumer va nuire à la vie sociale du chien. Celui-ci n’aura plus de contact avec les autres chiens qui ne le reconnaitront pas comme l’un des leurs.
  • Réconforter son chien par des caresses et avec des mots comme « le vilain t’as fait peur, vient chez maman faire un câlin » ou le porter, lorsqu’il vient d’avoir peur de quelque chose ou d’une situation, va augmenter son angoisse et pourrait renforcer son comportement phobique.
  • Punir son chien parce qu’il :
    – a fait une bêtise est malheureusement monnaie courante « Il le sait, il se sent coupable » Faux ! Il perçoit notre colère et cela l’inquiète
    – se moque de nous « Il me nargue » ou parce qu’il n’obéit pas « Il le fait exprès, il sait le faire pourtant ». Faux ! Il est peut- être tout simplement attiré par une stimulation plus intéressante comme une odeur par exemple.

Pur anthropomorphisme…..

Le chien n’est pas un Humain même s’il vit avec nous sous le même toit et qu’il est devenu notre compagnon de tous les jours. Nous sommes deux espèces bien différentes et nous avons tendance à l’oublier. Nous devons arrêter les mauvaises interprétations.

L’animal, le chien, vit dans le présent, réagit aux odeurs, aux bruits, aux postures. Il a un univers très sensoriel, alors que nous Humains vivons dans un monde verbal. Une différence qui pourrait expliquer les erreurs commises. On devrait apprendre à parler chien ou en tout cas faire preuve d’empathie (faire l’effort de mieux le comprendre) afin de lui offrir une vie de chien équilibrée et adaptée à ses besoins.

Christine

Oct. 2014