« Non ! »… « Pas toucher ! »… « Tu laisses »…

Comment apprendre les interdits à mon chiot ?

Le « NON ! » est habituellement le premier apprentissage de tout chiot qui arrive dans son nouveau foyer. Ce « NON ! » est un interdit, destiné à stopper un chiot dans son action ou pour le faire recracher ce qu’il a pris en gueule.
Les occasions d’entendre ce « NON ! » sont très nombreuses pour le chiot, à un âge où il part à la découverte de son environnement et où il s’occupe comme il peut après avoir quitté sa fratrie.

Le « NON ! », un réflexe humain !

Le chiot comprend-il ce que signifie ce « NON ! » ?
C’est un INTERDIT pour les humains, dit comme par réflexe en cas de danger… pour soi, pour l’autre ou pour un bien.
Lorsqu’un enfant est en âge de comprendre, on lui explique pourquoi un interdit est à respecter, qu’un « NON ! » a pour but d’éviter des conséquences fâcheuses.

Mais au chiot, peut-on lui expliquer ?

Un chiot vit dans le présent. Par expérience il va apprendre que telle action lui procure du plaisir (creuser un trou, déchiqueter la tapisserie, fouiller la poubelle…) et que telle autre est désagréable ou sans intérêt (prendre un hérisson dans la gueule ça fait mal, le géranium n’est pas bon à mâchouiller, les plaques d’égouts sont brûlantes quand il fait chaud…). Il recommencera toutes les actions agréables et délaissera peu à peu toutes celles désagréables ou sans intérêt.

Mais quand il entend « NON ! », va-t-il interrompre facilement ce qui est si agréable pour lui ? Lâcher cette chaussure qui sent si bon son maître ou la souris crevée trouvée au bord du chemin ? Il y a de grandes chances pour que la souris soit vite avalée quand il entendra le « NON ! » fatidique ! La peur de la punition à venir n’y fera rien, il vit dans le présent !

A ce stade, côté maître, la pression monte, dictée surtout par la peur de l’accident. Le chiot, s’il ne peut fuir ce maître qui lui fait alors très peur, va réagir en chien, selon son tempérament :
– soit il va sortir toute la panoplie des signaux d’apaisement : détourner la tête, se mettre sur le dos… et va lâcher prise ;
– soit il va se souvenir de l’attitude de sa maman (quand elle le repoussait pour qu’il ne cherche plus à téter) : il va grogner, aboyer, montrer les dents, faire mine de mordre et finir par pincer ! Le chiot est alors en posture de défense… et… ça marche ! Le maître, surpris la première fois, arrête de crier ou d’essayer de reprendre de force ce caillou que le chiot risque d’avaler…
Le maître s’inquiète de ce comportement agressif de son si jeune chiot. Il y a incompréhension, déception, inquiétude, voire colère… Son adorable petite boule de poils s’est muée en monstre agressif ! Qu’a-t-il fait pour mettre son chiot dans cet état ? Comment réagir à présent ?
Arrêtons là l’escalade, la confrontation… surtout sans suivre les « conseils-d’amis-qui-vous-veulent-du-bien » et qui vous disent de secouer votre chiot par la peau du cou avant qu’il ne devienne le chef… puisque bien sûr votre chiot est qualifié à présent de « dominant » !

Un peu de bon sens aussi !

Il ne faut pas oublier que le chien ne raisonne pas comme un humain : ce qu’il arrive à prendre, il considère que c’est à lui !
Apprenez donc à ranger ce qui craint, tout comme vous rangez vos affaires précieuses lorsque vous avez un tout jeune enfant qui touche à tout. D’ailleurs, laisseriez-vous un enfant de 2 ans sans surveillance ou même seul à la maison ??? Par quel miracle voudriez-vous qu’un chiot ne touche à rien ? Même si vous lui répétez de nombreuses fois qu’il ne doit pas manger les cailloux ou chiper les chaussures, si vous ne le voyez pas, pour le chiot ce n’est pas interdit puisqu’il peut le prendre…

Pourquoi donc le «NON !» est-il si difficile à apprendre au chiot ?

Vous aviez dit « NON ! », depuis des semaines vous lui dites « NON ! », pourquoi n’obéit-il pas ? Il devrait avoir compris depuis le temps !

Le « NON ! » permet difficilement d’arrêter durablement le chiot dans son action… parce qu’on ne lui propose pas autre chose de plus intéressant à faire. Quand le chiot a trouvé quelque chose (à mâchouiller, à déchiqueter…) et que son maître veut le priver de ce « trésor », non seulement celui-ci lui enlève, mais il ne lui propose rien d’autre d’aussi intéressant à faire à la place !

Le « NON ! » est frustrant !

 

Et si vous lui appreniez le « tu laisses » ?

 

« Tu laisses », ce n’est pas juste une expression de remplacement du « NON ! ».
« Tu laisses », c’est apprendre au chiot que lorsqu’il entend ces mots son maître lui proposera dans la foulée mieux à faire, une contrepartie, quelque chose d’agréable.

Laisser, ce n’est pas perdre !

Une fois cet apprentissage bien assimilé, le chiot n’éprouvera aucune frustration : il sait que quand il entend ces mots magiques, il faut vite retourner vers le maître pour une bonne surprise à l’arrivée. Son maître n’est pas fâché en lui disant « tu laisses », il ne lui fait pas peur

Comment lui apprendre ?

Comme tout apprentissage : commencez par dire « tu laisses » au moment précis où le chiot interrompt l’action que vous voulez interdire. Et pour l’interrompre, le plus efficace est de le surprendre : un bruit que le chiot ne peut pas identifier comme venant de vous ou l’objet volant non identifié (OVNI !) qui tombe du ciel. Par la suite, un simple « Ho ! » de votre part sera un signal d’erreur envoyé à votre chiot et fera le même effet pour le stopper. Attention ! Le « timing » est important pour l’apprentissage : saisissez bien le moment précis où le chiot interrompt son action pour lui dire « tu laisses » (sous forme impérative s’il y a urgence vitale, d’un ton interrogatif si on sent que le chiot va laisser facilement, d’un ton neutre dans les plupart des cas).

Il laisse ? Super ! Cela mérite de chaleureuses félicitations de votre part : en lui parlant, vous concentrez ainsi votre chiot sur vous et vous lui faites oublier ce qu’il était en train de faire. Non, vous ne le félicitez pas d’avoir essayé de déterrer les tulipes, vous le félicitez bien pour s’être détourné du bac à fleurs !
Ensuite vous invitez joyeusement votre chiot à revenir très vite vers vous, où il va trouver une bonne surprise, selon ce que vous avez sous la main : une friandise, un jouet, un petit instant de jeu, un jouet d’occupation comme un kong farci ou un os à ronger…
Cet apprentissage du « tu laisses » doit se faire sans brûler les étapes, en diversifiant et compliquant les entrainements pour aider votre chiot à généraliser ce « blocage à suite positive » qu’est le « tu laisses ».
Par la suite, vous direz « tu laisses » pour interrompre l’action, puis dès que vous verrez votre chien diriger son regard vers la chose défendue. Vous anticiperez donc. Vous donnerez de moins en moins de friandises aussi et de manière aléatoire pour renforcer toujours plus son espoir d’avoir quelque chose en revenant vers vous. Vous adapterez la récompense au niveau d’intérêt du chien pour l’action interdite. Et une récompense n’est pas forcément une friandise !
Le « tu laisses », utilisé en remplacement du « NON ! » en tant qu’interdit a des résultats plus sûrs, surtout à distance et à long terme. Vous veillerez cependant à ce que ces mots restent toujours positifs pour le chiot, pour qu’il n’y ait pas de frustration mais au contraire une autre activité proposée en remplacement.

 

Des exercices sont proposés et expliqués à l’école du chiot. Vous pouvez poser toutes vos questions, faire part de vos difficultés ou réussites aux monitrices.

N’oubliez pas que cet apprentissage du « tu laisses » pourrait un jour sauver la vie de votre chien, le jour où un médicament roulera à terre par exemple.
Bien sûr, en cas d’urgence, il y a fort à parier qu’un « NON ! » tonitruant sortira tout seul. Il sera alors, espérons-le, efficace car inhabituel.

 

Ce qu’il faut retenir :

Le « NON ! » est frustrant pour le chien, car il ne propose rien en échange et mène au conflit avec le maître.

 

Le « tu laisses » est perçu positivement par le chien (car il s’ensuit quelque chose d’agréable pour lui) et il redirige le chien vers une activité autorisée. La relation avec le maître reste confiante et amicale (ou redevient confiante si vous optez pour le « tu laisses » après une mauvaise expérience avec le « NON ! »).

« Laisser, ce n’est pas perdre ! »

Simone

Juillet 2015

 

Un article de Nicolas Cornier, paru dans la revue 30 Millions d’amis de juillet-août 2009, explique bien comment apprendre au chiot à renoncer. Pour ceux qui sont ou étaient à l’école du chiot c’est un bon rappel de ce qui a été appris lors des cours.

Lire l’article : Quand le maitre dit NON